Qui a dit que j’allais me limiter aux animes sur ce blog ? Je profite donc d’être perdu au milieu des montagnes avec juste des chats, une pile de bouquin et un ordinateur que je préfère éviter de toucher pour inaugurer une rubrique de lecture.
Pour cette première fois, un peu de classiques avec la première partie de Vingt mille lieues sous les mers, Alice’s adventures in Wonderland et Franny and Zooey, de la littérature pour enfant avec La traversée du temps et de l’horreur avec I am legend.
Vingt mille lieues sous les mers, tome 1, Jules Verne
J’avais déjà lu ce livre il y a très longtemps, mais j’avais envie de retenter l’expérience étant donné le souvenir très vague que j’en avais gardé. Après avoir fini la première partie, je pense pouvoir sans problème donner la raison de ce trou de mémoire. Jules Verne a un style très agréable, assez typique du XIXe siècle, mais assomme en parallèle son lecteur avec des explications scientifiques très pointues et un vocabulaire qui l’est tout autant. Il n’est pas rare de sauter des paragraphes entiers où un mot sur deux demanderait des connaissances poussées en physique ou en biologie. Ces pavés dans la mare se font heureusement surtout remarquer lors de la description du Nautilus et se font par la suite plus discrets, limités de temps à autres à une description détaillée de la faune et flore sous-marine.
Pour ceux qui auraient lu une édition d’un seul bloc, le premier tome de celle d’Hetzel s’étend jusqu’au passage des funérailles et couvre donc la chasse au monstre, la découverte du Nautilus et l’exploration des fonds de l’océan Pacifique. Mon impression est pour l’instant très positive, reste à lire la suite qui attendra je pense le voyage de retour.
La traversée du temps, Yasutaka Tsutsui
Je me suis intéressé à ce livre après avoir vu le film du même nom sorti il y a un peu plus d’un an en France. Il y avait quelque chose d’amusant à racheter un bouquin de l’École des Loisirs après avoir été abonné à leurs clubs de lecture pendant des années, pour amasser une montagne de livres pour enfant que j’ai fini par refourguer par cartons entiers à des relations.
Lire la traversée du temps m’a laissé une impression assez similaire à celle que j’ai retenu il y a quelques mois en relisant quelques titres que j’avais conservé, en particulier ceux de Marie-Aude Murail. Le livre est court, l’intrigue est extrêmement simple, et pour résumer, on ne sent pas à sa place en lisant ces pages. Pourtant je reconnais une certaine qualité dans l’écriture, c’est vraiment une question de décalage. J’aurais sûrement adoré ce livre si je l’avais lu il y a dix ans, mais aujourd’hui je ne suis plus en mesure d’en tirer guère plus qu’un sentiment d’insatisfaction devant une histoire qui manque de développement. On n’a décidément qu’une seule jeunesse.
À ceux ayant aimé le film et désirant en savoir plus, je dirais “abstenez-vous”. L’adaptation n’est pas littérale, se contente de reprendre quelques éléments du scénario pour proposer une intrigue complètement différente. Le résultat est plus intéressant, plus étoffé, et profite en plus de la dynamique propre au média du grand écran dans sa mise en scène.
J’aurais aussi été intéressé par Paprika, du même auteur, qui a posé les bases (ou la totalité, je sais plus trop) du film éponyme de Satoshi Kon, mais je n’ai pas l’impression qu’il ait été traduit celui-là >_>
Alice’s adventures in Wonderland, Lewis Caroll
Et on continue dans la lancée des livres pour enfants. Avec Alice, on quitte les simples histoires pour pré-ado pour tomber dans l’univers du conte. J’avais un peu peur au vu du genre de tomber sur un exemple de mièvrerie, mais j’ai été agréablement surpris. Lewis Caroll adopte un style très agréable, basant ses histoires sur l’absurde, des jeux sur la logique et les mots, et un humour terriblement anglais. Également de note quelques références, parfois très inattendues, aux mathématiques, à l’éducation et à l’histoire anglaise. Le livre est court, passe rapidement d’un sujet à l’autre sans trop s’attarder et se lit très facilement. Une lecture intéressante pour ceux qui seraient tentés de découvrir ce qui se cache derrière les innombrables adaptations cinématographiques.
Franny and Zooey, Jerome David Salinger
La suite des aventures de la famille Glass, qu’on avait découvert dans Nine stories. Ce roman se place dans la continuité des dernières nouvelles de ce recueil, en particulier Teddy, avec une thématique très marquée par la spiritualité. Il se divise en deux parties, la première place le contexte avec le début de la crise existentielle de Franny et la seconde apporte un développement et une conclusion par la personne de son frère Zooey.
Je ne suis d’ordinaire pas sensible à ce genre de thématique, et j’étais à la limite de laisser tomber le livre rendu à la fin de la première partie, après avoir enduré l’explication exaltée de Franny sur la Prière de Jésus. Mais heureusement les longues discussions de Zooey, d’abord avec sa mère, puis avec sa sœur, passent beaucoup mieux et j’ai même apprécié certains des concepts abordés comme la futilité de la poursuite de la connaissance pour elle-même. Le style très caractéristique de Salinger aide beaucoup, par son dynamisme et ses très nombreuses digressions. Ces dernières pourraient sembler mal venues et distrayantes, mais j’apprécie le contexte qu’elles en profitent pour poser, et justement la distraction qu’elles représentent, qui aide à alléger et à mieux faire passer des idées qui auraient été autrement très lourdes à digérer.
Ce livre était donc intéressant, aussi bien de par lui-même que pour l’expérience d’un Salinger dans sa période de mysticisme post The Catcher in the Rye. Je reste malgré tout plus attaché à ses premières œuvres, plus ancrées dans le domaine de la fiction pure.
I am legend, Richard Matheson
Encore un bouquin acheté suite à une adaptation cinématographique. Sauf que cette fois, je n’ai pas vu le film, juste les débats qui faisaient rage sur un forum. I am legend, chez nous Je suis une légende, se résume plus ou moins à l’histoire d’un type qui s’enferme chez lui après qu’une épidémie foudroyante de vampirisme ait anéanti l’espèce humaine. On assiste à ses recherches sur le pourquoi du comment de cette maladie, on revit ses souvenirs sur ce qui l’a amené à cette situation désespérée. Et c’est à peu près tout. La conclusion vient apporter un peu de diversité avec un final plutôt original, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’être un peu déçu. Cette histoire d’horreur se distingue de ses semblables par son traitement des vampires original sur la fin, et a un certain intérêt en tant qu’un des précurseurs du genre. Mais elle est aussi courte, je serais même tenté de dire trop courte, il y avait matière à faire plus.
Cette impression découle peut-être de la surprise que j’ai eu à voir la fin arriver alors que je n’étais rendu qu’à la moitié du bouquin. Sur les 300 pages de mon édition de poche, la seconde est en effet occupée par dix autres nouvelles de Richard Matheson, et rien ne l’indiquait à part la page des copyright et la table des matières, que je ne regarde pratiquement jamais. Ces dernières sont d’une qualité assez variable, certaines comme Dance of the Dead, Funeral ou From Shadowed Places m’ont semblé être une splendide perte de temps, et d’autres comme The Near Departed, Prey ou Dress of White Silk accrochent beaucoup plus. Toutes sont écrites dans un style assez récurent dans le genre de l’horreur moderne, s’appuyant parfois sur du suspens et des rebondissements inattendus, d’autres sur une montée progressive de la tension jusqu’à arriver à un point d’orgue. Elles ne sont d’ailleurs pas sans rappeler Stephen King, et c’est seulement après coup que j’ai remarqué au dos du livre une citation de ce dernier sur l’influence qu’avait eu ce livre sur son œuvre.