C’est jour de fête, un deuxième article pour cette semaine. J’hésitais à parler de Batman: Gotham Knight et Genius Party mais c’est difficile d’être court sur ce genre de productions quand le fond comme la forme change du tout au tout (et parfois au rien) d’un segment à l’autre. À suivre, donc. En attendant un week-end assez… creux. Quelques vieilles réalisations douteuses, qui vont du “peut mieux faire” avec Assemble Insert à l’horreur involontairement drôle avec L’histoire du démon numérique (sic) en passant par le nanard de base avec Demon City Shinjuku. Kappa no Coo to Natsuyasumi, un film de l’été dernier, vient remonter le niveau, mais c’est pas mirobolant non plus.
Assemble Insert (OAV, 1-2/2)
Je rentre donc de vacances pour trouver ce truc en faisant du rangement, dont j’avais oublié jusqu’à l’existence. Visiblement une énième parodie réalisée par un illustre inconnu avec le chara design de Patlabor. Le ton est posé d’emblée avec un pseudo générique présentant un groupe de sentai tout aussi bidon et complètement ridicule. Un début trompeur, car le genre parodié est en fait la magical girl.
Un groupe de voleur en mecha assez similaire aux landmate d’Appleseed (et sûrement aussi de Patlabor, mais comme j’ai pas encore eu l’occasion d’aborder la série…) terrorise la ville, le gouvernement ne peut comme d’habitude rien faire pour les arrêter et [STRIKEOUT:le futur de l’humanité] la tranquillité de Tokyo dépend à présent d’un projet spécial de la police proposé après une bière de trop. Une audition nationale est effectuée avec des candidats sélectionnés au hasard dans la rue, et ainsi commence une double carrière de justicière et d’idol pour Maron Namikaze.
Je suis plutôt mitigé sur ces deux OAV. Ça commençait bien pourtant, les gags fonctionnaient, on sentait à peu près où on allait en venir. Mais le premier épisode met du temps à se conclure, et le deuxième traîne des pieds tout le long. Je me pose surtout des questions sur la gestion des antagonistes, les pauvres sont pratiquement au chômage technique avec 4-5 scènes intéressantes à tout casser. C’était bien pensé de les mettre sur la touche pour des problèmes financiers (c’est vrai quoi, tous les méchants ont des comptes en Suisse et aux Îles Caïman avec une dizaine de zéros), mais pour quoi à la place ? La partie “idol” du programme, qui manque sérieusement de pêche. C’est dommage, il y avait de l’idée, mais l’équipe ne les suit pas jusqu’au bout et les laisse à moitié exploitées pour combler avec du vide. Résultat, on s’ennuie un peu. Beaucoup ? Non, c’est pas si catastrophique, et c’est juste deux fois trente minutes après tout, mais rien qui justifie vraiment de perdre son temps avec ces OAV. Bref, rendez-moi Poemi.
Kappa no Coo to Natsuyasumi (film)
J’avais remarqué ce film à sa sortie en 2007, il devrait visiblement sortir chez nous chez Kaze d’ailleurs. Ils ont vraiment eu du succès avec Origine pour retenter le coup ? Je n’avais pas été le voir mais les retours n’étaient pas exactement flatteurs.
Niveau histoire, c’est du ET à la sauce des esprits japonais, avec des journalistes à la place des scientifiques. Peu de place est laissé à un peu d’inventivité, les classiques sont suivis de près du début à la fin. Une bestiole inhabituelle est recueillie par un gamin, et s’intègre dans la famille. Ils vivent des jours heureux jusqu’à ce que la société des hommes vienne leur demander des comptes. Ils commencent par essayer de jouer le jeu, mais la réalité est bien dure et après quelques péripéties la bestiole retourne auprès des siens. Fin.
*baille*
À part ça j’ai trouvé le film assez moche. Ça va encore sur le plan technique, j’ai même aimé la façon dont ils ont rendu les cours d’eau, très réaliste mais bien intégré. Mes critiques visent surtout le chara-design, auquel je n’ai pas du tout accroché. J’ai aussi bloqué sur certains personnages, en particulier la petite sœur. Sans même aborder la question de son utilité très discutable, son comportement me laisse songeur. Pendant la quasi totalité du film, elle fait la tête, et même si à deux reprises il apparaît assez clairement qu’elle accepte implicitement Coo, pourquoi une scène de conclusion pareille ? Pourquoi continuer de faire la moue pour fondre en larmes d’un seul coup ? La brutalité du changement m’est restée en travers de la gorge. C’était impossible de faire quelque chose de plus gradué plutôt que de la garder en peste sur la qusi totalité du film ? Mais peut-être que j’ai juste oublié comment se comportent les gosses de cet âge.
Bon, le film remplit quand même son contrat, c’est distrayant et on ne s’ennuie pas malgré quelques longueurs. Mais personnellement, j’aurais bien vu une fin coupant toute la seconde partie, qui aurait à la place développé le voyage du gamin avec Coo pour trouver ses congénères. Une escapade en vélo dans la campagne japonaise m’aurait beaucoup plus intéressé que la virée au drama sur les plateaux de télévision.
Une petite note au passage, le film mentionne à un moment Kenji Miyazawa et Ginga Tetsudou no Yoru. C’est vraiment si connu que ça ? J’avais vraiment aucune idée quand j’ai vu le film il y a un mois…
Digital Devil Monogatari Megami Tensei (OAV, 1/1)
HA HA HA. Hm, pardon. Mais ça faisait vraiment longtemps que j’avais pas vu une horreur pareille. Sérieusement, même Gandalla avait plus de qualités que cette chose. Je l’ai bien cherché aussi, quand une série passe sous la barre des 6 sur AniDB on sait à quoi s’attendre. Mais c’était juste une OAV, et j’étais curieux de voir ce que pouvait donner la toute première adaptation de MegaTen en anime.
La réponse est simple : pas grand chose. Déjà ça a affreusement mal vieillit. Même pour l’époque c’est vraiment très cheap. On sent les années 80, quand l’informatique était encore pour beaucoup un outil étrange et mal connu. Et on nous sert donc des messes sataniques qui frisent le ridicule, où les démons sont invoqués à grand coup de COBOL et de Fortran sur des vieilles machines à bande. Saupoudrez le tout de mysticisme bidon avec l’arbre des Sephirot et plusieurs mythologies mélangées pêle-mêle et c’est le jackpot. On a droit à des divinités shintô, scandinaves, grecques et égyptiennes, rien à voir entre elles et la moitie sûrement choisies après avoir lu dix lignes dans le premier bouquin de la bibliothèque du coin mais c’est pas grave, c’est tellement la classe.
Si encore c’était que ça, mais entre l’intrigue involontairement tragi-comique qui tient sur un post-it, les musiques dans le plus pur style RPG NES et la mise en scène à se rouler par terre, je ne trouve vraiment rien pour repêcher ce naufrage. Ah si, quelques moments de pur WTF, comme la messe noir qui vire au cybersexe, le démon qui se matérialise sous forme de tas de gélatine rose, ou encore la fille qui se fait tuer en se faisant bouffer l’entre-jambe. Ils auraient du en faire un hentai, ça se serait sûrement mieux vendu xD
Makai Toshi Shinjuku (OAV, 1/1)
Là par contre plus d’excuse, j’avoue tout, j’aime me faire mal. Au moins la technique s’est améliorée, mais si ça suffisait à faire un bon film ça se saurait. L’équipe ne devait pas non plus se bercer d’illusions, j’imagine qu’ils lui auraient laissé sa chance en salle sinon. Demon City Shinjuku est donc un film passé directement à la case DVD, qui se distingue surtout pour utiliser les éléments de scénario les plus clichés possible au pied de la lettre. Et ça commence dès les premières minutes, sur un combat à l’épée entre deux inconnus. Évidement, celui qui a des cheveux blancs et une sale gueule devient l’antagoniste, celui avec une barbe meurt très vite sans toutefois oublier de passer le flambeau.
Dix ans plus tard, le fils du barbu est devenu un beau gosse blasé coureur de jupon, mais soyons sans crainte, un grand-père rabougri maître en arts martiaux et une Mary Sue exemplaire le remettent dans le droit chemin, le voila donc suivant joyeusement sa future dulcinée au casse pipe alors que toutes les chances sont contre lui (c’est le vieux con qui le dit). Armé de son redoutable boken, il part à l’assault des légions des ténebres, qu’on reconnaitra au premier coup d’œil à leur sale gueule, les pattes ou les yeux en trop, ou leur pilosité un peu trop développée. Il rencontrera en cours de route son lot de compères, un gamin marqué par la vie mais au grand cœur, et un dur à cuir beau gosse impassible aux cheveux aussi longs que son imper rouge.
La fin est brillante de ridicule, le héros commence comme d’habitude par prendre la raclée de sa vie, tombe dans un gouffre sans fond, et trouve évidement au fond le boken magique que papa avait perdu au tout début. Après une scène de power up particulièrement intense, avec rayon de lumière qui tombe du ciel, le papi à des kilomètres de là qui comprend tout d’un coup le sens de la vie, le paternel qui revient d’entre les morts pour expliquer pourquoi la tartine tombe toujours du mauvais côté et tout le tremblement, il remonte de son trou comme si de rien n’était et torche le grand méchant en un rayon d’énergie. Dix secondes pour le combat final après une séquence pareille, difficile de faire plus anti-climatique.
Les problèmes ne se limitent pas à un script foireux, la musique casse aussi parfois l’ambiance quand elle devrait justement la relever. Elle se fait discrète sur quasiment tout le film, même trop, on la confondrait presque avec les bruitages d’ambiance. On oublierai jusqu’à son existence si elle ne ressortait pas brutalement dans les trois, quatre scènes où le héros fait le beau. Tout ce foin pour un thème digne du synthétiseur MIDI d’une vieille console. Et ce truc est signé Yoshiaki Kawajiri, j’ai remarqué après coup. Très décevant quand on connaît ses autres réalisations. X, le segment Program d’Animatrix, Vampire Hunter D: Bloodlust, quand même. Bon, j’admets que pour X ça dépendra pas mal des points de vue, surtout le film. Mais après tout, tout le monde a ses zones d’ombre, Mahiro Maeda a bien commit Final Fantasy Unlimited avant de nous pondre Gankutsuou…