Allez, tant qu’à parler de lecture, ça serait quand même dommage de ne pas aussi aborder les mangas. Ça commençait à faire un baille que je n’avais pas lu quoi que ce soit (plus depuis le 8e Zetman il y a un mois ou deux) mais j’ai reprit un peu d’intérêt dernièrement et j’ai enfin matière à écrire quelque chose qui se limite pas à dix lignes de commentaire. Comme pour les autres rubriques, je prétend pas faire quoi que ce soit d’objectif, bla bla bla, si vous êtes pas d’accord [STRIKEOUT:allez vous faire foutre] déposez un commentaire et on en discutera :D
Pas de thème dans la sélection du jour, c’est du bric à brac. Un drame historique avec L’histoire des trois Adolf, de l’action avec City Hunter, du sentiment avec Sing “Yesterday” for me, du bon WTF bien violent et malsain avec Narutaru (ou Shadow Star) et pour finir un petit OVNI avec The music of Marie. J’ai aussi lu le 9e volume de Zetman, les volumes 2 et 3 d’Aria et quelques oneshots mais je manque d’inspiration sur ceux-là.
L’histoire des trois Adolf (volumes 1-2/3)
Je crois que c’était le premier ouvrage de Tezuka que je lisais. C’était une expérience très intéressante, je n’avais jusque là jamais vu un style pareil dans un manga. Passons sur le dessin très arrondi, ce qui m’a surtout marqué c’est l’exagération dans les postures et les mouvements des personnages, les libertés prises sur l’anatomie et parfois les jeux sur la mise en page. En lisant les premières pages, je pensais plus aux auteurs de la bande dessinée franco-belge utilisant parfois le même genre de techniques. Il y a un passage en particulier qui m’a vraiment fait penser à Asterix, quand un personnage court et que ses pieds sont démultipliés pour rendre l’impression de mouvement rapide, quelque chose de très courant dans les aventures de notre gaulois préféré. Le style très simple et épuré est aussi une rareté en soi, la norme étant plutôt à la recherche du détail. C’est amusant de se dire que cet auteur est considéré comme le père du manga et que tout ce que beaucoup retiennent de lui sont les grands yeux hérités de Disney. Et que vingt ans après sa mort, ses mangas se distinguent toujours autant du reste.
Mais bref, assez sur le choc, parlons un peu du manga en lui-même. Déjà, un coup de gueule pour le sens de lecture occidental. Les images ont été inversées, et encore pire que le syndrome de dextrocardie générale, on nous sert des saluts hitlériens du bras gauche. Joli, comment casser l’ambiance à chaque fois que des nazis se rencontrent. Alors que le sens de lecture japonais est à présent quasi systématique, il serait peut-être temps de rééditer tout ça, non ?
C’est pas si grave, mais quand même dommage, car c’est à peu près le seul reproche qui me vient à l’esprit sur les deux tomes que j’ai lu. Le dessin n’est pas exactement beau à en pleurer, mais direct et efficace, et les techniques utilisées par l’auteur lui ajoutent un dynamisme qu’on retrouve rarement à cette école. Le récit est très bien pensé, bien rythmé, bien documenté, Tezuka montre une maîtrise impressionnante de son histoire et de ses personnages. Dommage que je n’ai pas la moindre idée de quand je lirais la fin, en tant que vil squatteur de FNAC de province.
Sing “Yesterday” for me (volume 5/?)
Belle coïncidence que celle là. Je faisais le tour de ma liste de manga sur MAL et remarque que cette série, qu’on avait dit terminée, était en fait toujours en cours de publication. Un 5e volume aurait même été publié. Et comme le hasard fait bien les choses, Akata a justement sorti la traduction la semaine dernière.
Donc keskispasse dans ce nouveau volume ? Eh bien pas grand chose. L’auteur capitalise sur les changements apportés par le volume précédent, pas de gros bouleversement dans les relations entre les différents personnages. Haru en particulier est exemplaire dans sa stagnation, toutes ses interventions semblant se résumer à ses soucis vis à vis du café et de ses capacités culinaires craintes de tous. Les autres réfléchissent mais campent sur leurs positions, en particulier Shinako. Il y a bien un peu de nouveauté sur la vie de la patronne d’Haru, mais rien qui vienne changer la donne. Bon, ça fait un peu négatif dit comme ça mais j’ai pas trouvé ce volume si mal, il laisse le temps aux choses de se reposer. On sent quand même un progrès, que la situation commence à atteindre ses limites, ça laisse prévoir quelque chose de nouveau pour le volume 6.
Seul problème, il va falloir l’attendre trois ans lui aussi ?
City Hunter (volume 1/35)
Première chose. Oui, je ne jamais touché à City Hunter avant. Je n’ai jamais vu un seul épisode de l’anime du temps du Club Dorothée, tout le monde n’a pas passé sa jeunesse devant TF1 >D Bref, ce que je connais se limitait au générique français et deux trois “on dit”, autrement dit pas grand chose. C’est donc par curiosité en passant à la FNAC que j’ai ouvert ce premier volume pour enfin découvrir la légende.
J’ai été surpris de découvrir que Ryo est un tueur à gage et Kaori une… bah en fait aucune idée de ce qu’elle faisait de sa vie avant de devenir la partenaire de Ryo >_> J’avais toujours cru que ces deux là étaient des inspecteurs de police, mais n’allez surtout pas me demander pourquoi ^_^;
Au vu du peu que je savais, je n’était pas sûr de ce que j’allais avoir à lire entre une comédie policière portée ecchi ou un drame plus sérieux entrecoupé de moments de détente. Mais City Hunter m’a agréablement surprit avec un curieux mélange des deux qui passe en fait très bien.
Ryo est tout à fait le pervers que j’attendais, mais ces moments de légèreté ne plombent pas le reste de l’œuvre comme le fanservice peut trop facilement le faire. Les phases d’action sont elles un peu extravagantes, mais on sent qu’il y a eu de la recherche, que Hojo ne nous agite pas des flingues sous le nez sans s’être renseigné sur ce dont il s’agit vraiment, et ça ça fait rudement plaisir. Parce que ouh, combien d’auteurs à s’intéresser sérieusement à la question de la composition des balles tirées ? Combien à réaliser que oui, si on tire du 44 dans un espace réduit, ça va ricocher dans tous les sens ? Sans pour autant être fana de flingue, on peut en tout cas apprécier le geste et la touche de crédibilité qu’il apporte. Une petite note aussi pour les pages colorées orange, j’ai trouvé ça assez joli, bien foutu, ça apporte une petite touche d’originalité toujours le bienvenu.
Côté histoire, je ne suis pas sûr d’en avoir assez vu pour pouvoir vraiment juger. Ce premier volume est surtout là pour planter le décor et les personnages, la suite devrait passer aux choses sérieuses. Une mise en bouche convaincante, mais je ne sais pas si j’irais jusqu’à acheter les 35 tomes. Mais le principal, c’est que le générique français n’a pas menti, le mal est bel et bien toujours puni :D
Narutaru (volumes 1-12/12)
Situons un peu le contexte pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de cette série. Narutaru est un manga qui commence comme Pokemon pour virer à la boucherie en cours de route. Glénat s’est d’ailleurs cassé les dents dessus, et l’édition anglaise chez Dark Horse est réputée pour ses coups de ciseaux qui emporteraient parfois des pages entieres. Le manga est en particulier réputé pour son 7e volume, qui contient quelques scènes de bizutage assez dégueulasses.
J’admets que c’est cette réputation sulfureuse qui m’avait attiré de prime, mais faute de scans j’avais arrêté en cours de route. Le manga ne m’avait pas franchement convaincu non plus, j’avais donc plus ou moins lâché l’affaire. Mais les choses ne se sont évidement pas arrêté là. Il se trouve en effet que Narutaru et son auteur Kitoh Mohiro ont en fait une assez bonne réputation. La curiosité m’a donc poussé à retenter l’expérience. Comme ça commençait à faire un sacré bout de temps et que j’avais en plus jeté un œil à des scans japs entre temps qui m’avaient plus perdu qu’autre chose, j’ai relu, ou plutôt survolé les premiers volumes pour me remettre les idées en place.
Finalement mes impressions sont assez différentes de ce que j’attendais. J’ai déjà été assez déçu par les fameuses scènes, bien moins difficiles que tout ce que le boucan avait laissé supposer. Au point que je suis même pas sûr de quelle était celle dont tout le monde parlait. Le cocktail de vers de terre ? À la limite, et encore… Le viol à l’éprouvette ? Ils n’ont même pas le temps de passer à la pratique avant de se faire déranger. Le meurtre assez vicieux du dragon child ? On voit rien, juste la griffe du monstre qui dépasse du ventre de la gamine. Est-ce que je peux y voir l’effet de la censure Dark Horse ? Faudra que je récupère des scans japs pour comparer. La question qu’on se pose vraiment en voyant tout ça, c’est pas vraiment comment des gosses peuvent en arriver là, plutôt comment des parents ont pu rater l’éducation de leurs gosses à ce point là. C’est d’ailleurs une impression qui reviendra souvent, ce manga ne manquant pas de fans du darwinisme poussé à l’extrême.
Mais ça encore c’est du détail, juste de quoi pimenter le plat. Le vrai problème, c’est qu’on m’a menti sur la marchandise quand on me parlait de Mohiro comme un bon narrateur. La première moitié du manga est correcte, même si un peu chiante. Il ne s’y passe pas grand chose, juste des histoires certes pas très tendres mais sans vrai conséquence pour les personnages eux-mêmes. Mais on sent que l’artiste est aux commandes, tout va bien. Puis vient le fameux volume 7, qui marque un changement. À partir de là, la trame gagne un peu en dramatique et en intérêt, on assiste enfin à un vrai spectacle. Je ferme les yeux sur quelques incohérences, genre à ce point tout le monde sait parfaitement où chacun habite mais pas un des sociopathes pour penser à tuer ses ennemis dans leur sommeil. Il faut des mafieux sortis de nulle part pour faire disparaître un des protagonistes pour de bon. Et pendant ce temps là, Shiina continue à mener sa petite vie avec son père, à se poser toujours les même questions sans vraiment évoluer, même sa propre mort ne semble pas la distraire le moins du monde de ses problèmes.
Puis vient le volume 12. Et là, c’est le drame. Est-ce que quelqu’un a commencé à en avoir marre ? En six chapitres tout fout le camp, et on assiste à un cas d’école de fin bâclée, avec entre autre un magnifique exemple de compression temporelle. Tout d’un coup les évènements s’enchaînent, les justifications bidons se suivent, la cohérence disparaît. Un chapitre l’antagoniste met son plan diabolique à exécution, deux plus loin on le retrouve à agoniser, sans la moindre idée pourquoi ou même sur ce qu’il fait là exactement. Deux des questions les plus intéressantes, à savoir le rôle de Shiina et la raison de l’intérêt des dragons pour elle, sont expédiées avec une propreté digne d’un deus ex machina. Et on se retrouve avec un épilogue bizarre, sans explications claires, qui laisse incroyablement frustré. Tout ça pour ça ? Non, sérieux ?
Narutaru aurait pu être un manga à la hauteur de sa reputation mais comment lui attribuer tout le merite que lui donnent certains sans oublier le foutoir du dernier volume ?
The Music of Marie (volume 1/2)
Une série courte trouvée au hasard en fouinant dans les archives de Kotonoha. Le contexte rappelle beaucoup celui de Nausicaä, un peuple qui semble vivre en harmonie avec leur environnement à l’aide d’une technologie semi-moderne héritée des restes d’une civilisation ancienne beaucoup plus avancée. Le trait lui-même est d’ailleurs un peu similaire à celui de Miyazaki.
Pas de retour à la nature pour autant, les similitudes s’arrêtent là. La vie de ce petit monde n’est en effet pas régulée par les éléments, mais par la technologie et la religion. Les inventeurs sont valorisés, on se retrouve régulièrement face à des inventions plus bizarres les unes que les autres. Notre technologie contemporaine est abordée à plusieurs reprise, et certains semblent l’étudier. La religion est elle représentée par Marie, une déesse mécanique qui veille sur ses sujets depuis le ciel.
Un petit monde donc fort original et très bien décrit, avec tous les détails qu’il faut pour en comprendre le fonctionnement sans jamais donner l’impression de s’arrêter et de dédier un chapitre entier à des descriptions chiantes en oubliant tout le reste. L’histoire, quand à elle, est pour l’instant bien ficelée. En peu de temps, l’auteur parvient à mettre en place son univers, les relations qui lient les personnages, à nous donner une idée sur la suite des évènements, à nous amener face à des questions tout en laissant des allusions ni trop subtiles, ni trop évidentes sur les réponses qui y seront apportées.
Je suis un peu déçu par le nombre total de volumes (2 !) qui laisse prévoir une fin assez rapide alors qu’une introduction pareille aurait peut-être pu profiter d’un peu plus de développement. Enfin, qui vivra verra. J’espère que Kotonoha ira au bout de ce projet ^_^;