Je continue à procrastiner et à repousser le jour où je me remettrais sérieusement à toutes les séries du moment en cumulant les vieux trucs. En attendant, voici le retour du pavé après une petite pause pour cause de « J’ai autre chose à faire. » Aujourd’hui, deux films avec Le lac des cygnes et Super Mario Brothers: The Great Mission to Rescue Princess Peach (ouf). À côté de ça, les OAV habituelles, comédie magical girl #265433 avec Majokko Tsukune-chan et le Fullmetal Alchemist du pauvre avec Strait Jacket. Sans oublier Hoshizora kiseki, ou ce qui se passe quand Comix Wave essaie de faire quelque chose sans Makoto Shinkai.
Aussi vu Les démons d’acier et le terrible Juge des tenèèèèbres, une belle paire de navets. Le premier se distingue par un cast fade au possible, un faux suspens et un semblant de romance affreusement mal géré. Le second tombe encore plus bas avec une réalisation à chier, un cast ridicule et un dénouement en deus ex machina. L’article est déjà bien assez long comme ça, je vais donc éviter d’en rajouter en parlant dans le vide sur ce sujet.
Strait Jacket (OAV, 1-3/3)
Je viens tout juste d’éveiller ta curiosité, cher lecteur, avec cette comparaison avec un gros nom comme Fullmetal Alchemist. Et je vais maintenant la justifier. C’est peut-être personnel, mais l’univers où ces OAV prennent place m’a beaucoup rappelé la série de Bones. Le niveau technologique n’est guère plus avancé, on ne se croirait plus au début du siècle dernier mais plutôt au milieu. Ce qui n’empêche pas les militaires de se promener avec des bons gros fusils d’assaut eux tout à fait contemporains, mais passons. Cette technologie est côtoyée par de la magie, sauf qu’au lieu des alchimistes, elle est canalisée et pratiquée à travers des objets maniés par monsieur tout le monde. À chaque fois que ses utilisateurs y font appel, une sorte de resucée du cercle de transmutation apparaît. Et pour couronner le tout, la police des magiciens se balade dans des armures complètes. Difficile de ne pas faire de rapprochement arrivé à ce niveau là.
Sauf que malheureusement, c’est bien d’un FMA du pauvre que je parle, et pas d’une renaissance sous un autre nom. Bon, graphiquement c’est honnête, pas grand chose à reprocher, c’est ce qu’on attendrait d’une production de 2008. Mais c’est pas d’Iblard Jikan qu’il s’agit, on veut une histoire, des personnages à aimer et à détester, du contenu quoi. Et c’est là que les choses commencent à mal tourner. Le petit monde qu’on nous présentera est en effet d’une platitude presque effrayante, un héros je m’en-foutiste et tourmenté qui m’a fait penser à Basara de Macross 7 (et c’est pas un compliment), sa sidekick silencieuse avec qui il entretient une relation tourmentée, le [STRIKEOUT:paladin] beau gosse propre sur lui mais qui cache en fait un côté tourmenté. La seule personne équilibrée est donc une inspectrice qui ne sert à rien à part à nous donner une excuse pour explorer le passé des vrais protagonistes. Rajoutez un antagoniste sans saveur sur lequel tout est dit la seconde où on nous le présente et on y est à peu près.
Reste l’histoire. Certes, c’est juste trois OAV, fallait pas s’attendre à grand chose. Mais la série n’arrange en rien les choses et utilise très bizarrement un temps qu’on aurait pu croire précieux. Je me demande si le réalisateur croyait avoir affaire à une série normale, car le début y ressemble à s’y méprendre, avec un premier épisode entièrement consacré à la présentation de l’univers et du cast. Suit alors un autre entièrement consacré au passage du héros, et à nous montrer à quel point il est fou dans sa tête mais sympa quand même. Et le dernier nous inflige les questions existentielles du palouf qui vire emo en réalisant qu’il était juste un pantin, que tout le monde se servait de lui et que la vie c’est quand même bien moche, hein. La série se donne bonne conscience en plaçant les justifications de ce développement dès le premier épisode avec la subtilité d’un bulldozer. Tout ça pour faire style « eh, faites attention, on a quelque chose en réserve pour la suite » alors qu’ils auraient aussi bien pu la fermer, laisser les OAV indépendantes les unes des autres et garder un minimum de surprise. Pas que ça aurait changé grand chose, ce genre de personnages est condamné dès le départ à être déçu par ceux en qui il croyait, mais pour la forme quoi.
Arrive à ce point, je pourrais encore remarquer que les sorciers doivent quand même être vachement balèzes pour arriver à sauter et bouger comme des ninjas avec cent, cent cinquante kilos d’acier sur le dos. Que les yeux du héros ont la faculté bien pratique de briller en rouge dès qu’il porte son armure. Que les divers anachronismes ne donnent pas du tout l’impression d’un type qui a la flemme de faire ses recherches. Mais il parait que c’est pas correct de s’acharner sur un homme à terre.
Ce qui m’a en fait le plus marqué avec cette série d’OAV, c’est les musiques. Qui m’ont réservé une grosse surprise quand j’ai réalisé que OMG, je comprenais ce qu’ils disaient. Et on connaît tous le niveau d’anglais du chanteur japonais moyen. Sauf que non, c’est du français. Et pas juste du baragouinage, ils ont carrément été nous déterrer Kyo que tout le monde croyait mort xD Le générique de fin du 2^e^ épisode est un zoli diaporama d’artwork sur fond de Le chemin. Et on les entend une deuxième fois en insert dans le 3^e^ épisode. Me demandez pas le titre de la chanson par contre ^_^;
Majokko Tsukune-chan (OAV, 1-6/6)
Je ne suis pas sûr si ces OAV sont une parodie de magical girl ou juste une comédie slapstick. J’avais cru au premier au début, mais le manque de références claires et l’absence de quelques éléments comme l’inévitable phase de transformation me poussent finalement à pencher vers le deuxième. Pas que ça ait une grande importance, on s’amuse, la série fonctionne et c’est bien là le principal.
Un peu de synopsis pour commencer. Tsukune est une jeune sorcière qui patrouille tous les jours les alentours sur son balai magique pour aider la veuve et l’orphelin, pour le meilleur et pour le pire. Fin. Pas de scénario, aucune tentative de développement, juste des épisodes sur la vie de l’héroïne avec de temps en temps des nouveaux personnages récurrents. Et c’est pas plus mal, je ne pense pas que ça aurait collé au genre de la maison. Les épisodes sont nommés “Tsukune-chan contre (insérez ici la menace de la semaine)” mais chacun est à son tour divisé en plusieurs parties indépendantes sur un thème qui sert juste d’excuse à une nouvelle suite de gags. Le rythme est plaisant, on n’atteint pas la frénésie de Kyouran kazoku nikki tout en restant assez dynamique pour ne pas ennuyer le spectateur. Les gags se renouvellent suffisamment pour garder l’attention, tout en gardant ce qu’il faut de récurrence pour établir un petit univers plus ou moins cohérent.
Comme je le disais la série est orientée slapstick, et joue donc sur une exagération des réactions des personnages par rapport à leurs répliques anodines. Tsukune est une héroïne comme on aimerait en voir plus souvent, très genre-savvy, n’hésitant pas une seconde à pointer et même exploiter les faiblesses dans le raisonnement de son entourage de cinglés. Ce qui ne l’empêche pas d’être parfois complètement à l’ouest et de réagir de façon totalement inapproprié, au grand désespoir des personnes qu’elle était sensée aider. Les gags virent régulièrement au trash, rien de sanglant à la Dokuro-chan mais les morts sont chose courante, ce qui ajoute encore à l’effet comique par le contraste avec le ton très bon enfant des OAV.
La réalisation est cheap, les animateurs n’ont pas du trop se fouler. Les dessins sont peu détaillés, les expressions faciales quasiment toujours les mêmes. Mais ce n’est pas tant un problème que ça aurait pu l’être, le style simple et les sourires permanents participent à la comédie. Le réalisateur n’hésite pas à jouer là-dessus, en faisant par exemple apparaître Tsukune au loin comme un vulgaire brouillon pour augmenter son niveau de détail par pas très visibles au fur et à mesure qu’elle approche. Quelques phases virent même à l’animation de figurines en carton ou en pâte à sel.
Au rang des anecdotes, les amateurs de parodie de magical girl reconnaîtront sûrement la doubleuse de Tsukune, à qui ont doit également le personnage de Komugi dans les OAV Nurse Witch Komugi-chan Magikarte.
Super Mario Brothers: Peach-hime Kyuushutsu Dai Sakusen (film)
Non, il ne s’agit pas du navet live action, bien d’un film d’animation. Mais pas sûr que j’aurais pas préféré le revoir plutôt que d’avoir à supporter ça…
L’histoire n’est guère plus compliquée que celle des premiers jeux. Mario est un gros nerd qui s’ennuie dans son épicerie (il était pas censé être plombier lui ?_? ) jusqu’au jour ou Peach sort de l’écran de son jeu vidéo pour se faire capturer par Bowser. Ni une ni deux, notre héros au grand cœur part pour le pays des champignons sauver sa dulcinée, accompagné par son frère Luigi lui plus intéressé par la perspective des trésors. Après avoir trouvé les reliques sacrées (le champignon, la fleur et l’étoile), il atteint le château des koopas et casse la gueule de Bowser.
Rien de bien intéressant, on est face au prototype du film pour petits enfants. Peach est exaspérante en princesse en détresse, à hurler « Mario, à l’aide » pour le gros de ses apparitions alors qu’elle l’avait rencontré, quoi, une ou deux minutes à tout casser avant de se faire kidnapper. Mario est plus comique, en partie grâce à son doubleur. J’ai immédiatement reconnu la voix de Ray Amuro de Mobile Suit Gundam, et, comment dire, c’est absolument pas adapté au ton du film xD
Pas grand chose d’autre à dire, juste quelques tentatives d’humour pas très réussies. Je me suis surtout ennuyé, ce qui m’a le plus fait sourire sur l’heure dix, c’est la réutilisation des effets sonores du jeu vidéo, comme le bruit de warp quand les personnages utilisent les tuyaux ou des pièces quand Luidgi en ramasse. Mais d’un autre côté, je me demande si c’est pas autant une question de flemme que de laisser des clins d’œil aux joueurs. Surtout que c’est la même chose pour la musique, tirée tout droit du premier opus sur NES quand il y en a. Et je me demande aussi pourquoi Luigi était fringué en jaune et bleu…
Le film lui-même n’avait déjà pas grand chose pour lui, mais cerise sur le gâteau, j’ai du supporter un rip de VHS absolument ignoble, limite pire que ce qu’on trouve sur Youtube. Le fichier était marqué de qualité “eye cancer” sur AniDB, je savais même pas que ça existait comme rang xD Les captures d’écran sont là pour témoigner. Les sous-titres étaient parfois à peine lisibles, et n’étaient en plus pas toujours très exacts. On sait qu’on touche le fond d’une traduction quand même quelqu’un comme moi qui n’a jamais sérieusement étudié le japonais arrive à relever des erreurs.
Hakuchou no Mizuumi (film)
Le quota de daubes commence à être un peu élevé, on va relever le niveau avec cette reprise cinématographique du Lac des cygnes. Preuve qu’il y a eu un peu de bonnes choses dans les années 80 quand même.
Pour ceux qui ne s’intéresseraient pas à la musique classique, Le lac des cygnes est un ballet écrit par Tchaikovsky. L’histoire est très simple, basée sur divers contes et légendes russes et allemandes. La princesse Odette est changée en cygne, le prince la rencontre et tombe amoureux. Entre alors en scène von Rothbart, le sorcier auteur de la malédiction, et sa fille Odile qui se fait passer pour Odette afin d’obtenir les vœux d’amour éternel du prince. Ce dernier réalise la supercherie et les deux amants se tuent en se noyant dans le lac, emportant avec eux von Rothbart dont les sorts avaient lié la vie à celle de la princesse.
Ça, ce serait la version originale. Il en existe d’autres avec des variations sur la fin, certaines beaucoup plus optimistes où l’amour des tourtereaux vient à bout de la magie du sorcier. Cette dernière semble populaire dans l’animation japonaise, étant reprise par Princess Tutu et le film qui nous intéresse. On est en droit de se demander comment tirer quoi que ce soit d’une intrigue pareille. Pour un ballet, l’histoire n’est en fait pas si importante que ça, l’essentiel étant la façon dont elle est exprimée au travers de la chorégraphie et la musique. Mais cela tient-il toujours sur ce film ?
J’étais sceptique quand j’ai décidé de me lancer, mais ça n’a pas duré bien longtemps. Le film m’a immédiatement séduit avec une ouverture sur la très emblématique scène 10 de l’acte 2, pour ne plus me lâcher jusqu’à la fin. Fidèle à ses origines, il reprend la musique de Tchaikovsky tout du long et se permet même une référence au ballet avec une chorégraphie de la danse des petits cygnes prenant le titre de la pièce au pied de la lettre.
Les compositions symphoniques sont parfois bruyantes, occupent l’espace au point d’éclipser tout le reste par moment. Je suppose que ce côté un peu AMV risque de gêner ceux ne s’intéressant pas aux classiques, mais pour tout dire je ne pense pas que le film ait un grand intérêt dans ces conditions. Contrairement à d’autres productions comme Princess Tutu ou Nodame Cantabile, il ne possède aucune qualité propre. La réalisation est très typée Disney, von Rothbart et Odile sont plus bêtes que méchants, un couple d’écureuils niaiseux à souhait ont été rajoutés pour faire office de comic relief et plus généralement, le ton est un peu trop léger à mon goût.
Hoshizora Kiseki (ONA, 1/1)
Et on termine en beauté, enfin façon de parler, avec cette ONA de Comix Wave. Pour ceux qui ne seraient pas au courant, Comix Wave c’est Makoto Shinkai, un bonhomme qui fait parler de lui dernièrement avec des films sur des histoires d’amour très touchantes, appuyées par une réalisation belle à en pleurer. Cette production reprend des thèmes similaires à Beyond the clouds, sauf que… Oh mince, quelqu’un a oublié Makoto Shinkai en route. Dommage, il devait être trop occupé sur Byousoku 5 centimeters.
On assiste du coup sur cette ONA à du sous-Shinkai. C’est intéressant dans un sens, le récit est assez similaire à ce à quoi ses films nous ont habitués. Et on ne peut que constater à quel point une personne peut changer une œuvre du tout au rien, transformer une romance cliché et chiante en un régal aussi bien pour les yeux que pour le cœur. Simplement avec un scénario mieux écrit, une mise en scène mieux pensée, et un peu plus (beaucoup) de soin sur les décors. Pas que Hoshizora Kiseki soit particulièrement moche ou inintéressant, mais l’inspiration saute aux yeux et dans ces conditions difficile d’éviter un rapprochement très cruel pour du matériel juste moyen, mais en comparaison plus que fade.