Impressions très en retard sur quelques trucs que j’avais vu vers la fin du mois de septembre, avant de quitter Nantes. Il en reste encore (en particulier Gin’iro no Kami no Agito et Manie-Manie: Meikyū Monogatari), raison pour laquelle je n’avais toujours pas publié ce texte depuis le temps. Mais vu que j’ai cité une partie du contenu dans mon bilan, je préfère publier une partie tout de suite.
Ein Landarzt (film)
Et un court-métrage bizarre de plus, un. Celui-là pousse les limites assez loin. Avant même de remarquer quoi que ce soit sur le contenu, le titre indique déjà quelque chose de relativement rare : une inspiration d’un auteur européen. Pas d’arnaque, il s’agit bel et bien d’une adaptation d’une nouvelle de Franz Kafka. Je n’ai pas lu cette dernière et serais donc bien en mal de faire une vraie comparaison, mais la différence avec les histoires auxquelles on nous a habitué crève l’écran. Pour résumer rapidement, on suit un médecin qui fait part au spectateur de l’absurdité de sa vie lors d’une de ses visites nocturnes. La narration est solide, bien construite et structurée, on sent la présence de l’écrivain que le réalisateur arrive à retranscrire sans pour autant le laisser envahir son œuvre.
Difficile de s’échapper sans dire quelques mots sur la forme pour le moins unique. L’idée est proche du style volontairement « brouillon » qu’on peut voir dans Mind Game ou Kemonozume. Mais à l’inverse des titres pré-cités qui schématisent à l’extrême, Ein Landarzt détaille lui à l’extrême et surcharge l’image de divers défauts, marques et artefacts propres au dessin à la main. Sans oublier d’en rajouter avec un jeu sur les proportions et les mouvements qui s’accorde très bien avec le ton de l’histoire.
Lupin Sansei: Cagliostro no Shiro (film)
Ou Édgar de la cambriole sous nos vertes contrées, y aurait-il eu des histoires avec les héritiers de Maurice Leblanc, l’inspiration d’Arsène Lupin étant plus qu’assumée ? Pour une fois qu’ils n’avaient à peu près aucune raison de changer les noms. Ce film est une des plus vieilles réalisations de Hayao Miyazaki, pré datant la formation de Studio Ghibli de quelques années. Le titre était sur ma wishlist depuis un moment et voilà donc l’occasion de le regarder.
La première chose qui frappe, c’est bien sûr la patte du réalisateur, impossible à confondre avec qui que ce soit d’autre. Le chara-design à lui-seul est suffisant pour arriver à une conclusion, mais tout le traitement est tout aussi indicateur sur qui se cache derrière ce film. Ce Lupin III est du Miyazaki tout ce qu’il y a de plus typique et ressemble beaucoup au niveau de l’ambiance à d’autres de ses réalisations comme Kiki. N’ayant aucune connaissance du reste de la franchise (et pour tout dire pas franchement intéressé), je serais incapable de dire s’il s’agit d’une constante ou non mais cette itération est un vrai cas d’école du film d’aventure léger, pas trop recherché, cherchant juste à distraire pour 1h30 son spectateur. Le héros est un exemple du voleur au grand coeur, le rythme est très soutenu et enchaîne pirouettes et rebondissements à toute allure. On ne sent pas du tout le temps passer, j’ai été d’ailleurs très étonné arrive à la fin de l’escapade de Lupin à Cagliostro de constater que seulement une heure était passée et qu’il me restait encore quarante minutes à passer en compagnie de cette joyeuse bande. Pour mon plus grand plaisir, je dois dire.
Un détail que tout le monde ne remarquera peut-être pas (où allons-nous, je vous jure), mais outre les habituelles frasques miyazaquiesques, ce film contient de nombreuses références à la Bergère et le Ramoneur de Paul Grimmault et Jacques Prévert. Le château de Cagliostro est la plus frappante d’entre elles, en particulier la tour de Clarisse extrêmement similaire aux appartements privés du Roi. Les similitudes ne s’arrêtent pas là, on peut trouver bien d’autres parallèles comme les nombreux mécanismes et passages secrets, la police secrète devenu un clan d’assassin, l’escapade de Lupin sur les toits ou le final qui n’y va pas avec le dos de la cuillère pour renverser l’ordre établi. Amusant de se dire que ce film est arrivé trois mois avant que Le roi et l’oiseau, la version remaniée de son inspiration, sorte en salle chez nous.
Tobira o akete (OAV, 1/1)
Cette OAV me faisait envie depuis un sacré bout de temps, étant réalisée par Koji Morimoto que j’avais beaucoup apprécié sur deux de ses réalisations, le segment Beyond d’Animatrix et Magnetic Rose de Memories. Et j’attends d’ailleurs avec impatience Genius Party Beyond pour voir ce qu’il va nous sortir sur Dimension bomb.
*envoie des messages subliminaux à ceux qui n’auraient pas encore vu Animatrix et Memories*
Bref, Tobira o akete est une histoire courte sur une gamine qui se retrouve catapultée au pays des rêves. L’ambiance est très bon enfant, mais ça n’a en fait pas vraiment d’importance, on sent que l’idée est de s’appuyer sur la légendaire inventivité de ces chers bambins pour se lâcher et exposer un univers complètement surréaliste. Le résultat est assez convaincant, expose dans un style clair mêlant adroitement un peu de 3D (je rappelle qu’on est encore en 1995) pour mettre en valeur le plat de certains plans sans trop insister dessus. Je me suis dit sur le coup que cela aurait peut-être été ce à quoi aurait ressemblé Okami si le jeu n’avait pas penché plus vers des contours plus épais et moins nets inspirés du sumi-e. À part ça la bande-son est constituée de classiques connus qui se fondent assez bien dans l’ambiance. Je noterai entre autre le Morgenstemning de Peer Gynt, deux pièces du Casse-noisettes de Tchaikovsky (la valse des fleurs et la danse de la fée Dragée) et le premier mouvement de la Symphonie pastorale de Beethoven.
Atama yama (film)
Ah, et voilà une belle coïncidence, une œuvre un peu plus vieille du réalisateur de Ein Landarzt, Koji Yamamura. Même style graphique très détaillé, même genre d’histoire surréaliste et pas très joyeuse. Pas aussi intéressant, toutefois. L’histoire est plus courte, moins ambitieuse et s’oriente plus vers une sorte de fable sarcastique. L’impression est d’autant plus accentuée que la narration adopte cette fois une forme très particulière, en imitant celle du théâtre de poupées japonais (Bunraku).
Je vois d’ailleurs que ce réalisateur a un petit paquet de court-métrages à son actif, affaire à suivre donc.
Dan Petory Kyōshu no Yūutsu (OAV, 1/1)
Eh oui, il n’y a pas que Suzumiya Haruhi à avoir des coups de blues. Le nom ne dit sûrement rien à personne, alors je précise qu’il s’agit du premier segment d’un projet nommé Steam Punch de Studio 4°C, qui est décidément abonné à ce genre de production. Ce regroupement comportait trois autres court-métrages, End of the world, Kigeki et Higan. J’avais déjà vu Kigeki il y a un moment, sa réputation dépassant de loin le reste. Les deux autres seront abordés tout de suite après.
Mais revenons à nos moutons. Dan Petory Kyōshu no Yūutsu est dirigé par Hidekazu Ohara, à qui on doit… eh bien pas grand-chose d’autre, en tant que réalisateur tout du moins, le monsieur étant avant tout un animateur. Quand même quelques contributions notables sur des grands noms comme Canon Fodder (3^e^ segment de Memories) et Akira, mais ne cherchez pas trop à vous y accrocher pour des repères, le début a un air de famille avec le premier, mais ça ne dure pas très longtemps avant que l’OAV vire au grand n’importe quoi. On quitte en effet rapidement l’animation 2D pure pour dériver sur un curieux mélange, avec tantôt des phases d’animation sur des styles allant du gribouillage au très détaillé et tantôt des marionnettes dont une qui m’a vraiment rappelé le Muppet Show. Cette dernière est justement le fameux Dan Petory du titre, qui reprend le concept de l’émission de vulgarisation scientifique pour répondre à une énigme qui a toute son importance : pourquoi les OVNIs volent en zigzag.
La question parle d’elle-même, le ton n’est absolument pas sérieux. Aussi court qu’agréable.
End of the world (OAV, 1/1)
Deuxième court-métrage de la série Steam Punch. Cette fois, la réalisation revient à Osamu Kobayashi. On le connaît surtout pour son fameux quatrième épisode de Gurren Lagann, mais il a aussi dirigé des projets moins polémiques comme Mahō Tsukai ni Taisetsu na Koto: Natsu no Sora, Kimagure Orange Road, Magical Angel Creamy Mami ou encore Beck. Le style est plus consistent que sur l’OAV précédente avec cette fois des lignes épaisses et des couleurs vives et contrastées qui m’ont fait penser à ce que donnent parfois les livres de dessins pour enfants.
Sur le contenu, ce segment se veut plus sérieux que le précédant en contant une histoire douce-amer sur fond de légère critique du monde des médias et de la culture populaire pour jeunes. Évidemment, ça reste très succinct avec la limite des dix minutes, mais quand même appréciable.
Higan (OAV, 1/1)
Quatrième et dernier court-métrage de la série Steam Punch (Kigeki était le troisième, pour ceux qui n’auraient pas suivi). On retrouve un animateur, cette fois Yasushi Muraki, qui nous gratifie pour terminer d’un ton nettement plus sombre que les réalisations précédentes, avec les réminiscences d’un soldat sur son lit de mort. Rien de bien particulier à noter sur le style, si ce n’est une présentation neutre et détachée des scènes de combat qui m’a rappelé celle de FLAG ou de Gasaraki. Coïncidence ou pas, notre bonhomme a justement travaillé sur ce dernier.