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Odin Sphere

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Une longue histoire que celui-là. Je l’ai acheté très peu de temps après sa sortie aux US en mai 2007, charmé comme beaucoup par des captures et un trailer sublimes. Puis le jeu est arrivé et avec lui une impression plus mitigée. D’un côté les promesses sont tenues. De l’autre je me suis retrouvé face à une difficulté que je n’attendais pas, qui m’a rapidement frustré jusqu’à en abandonner rageusement le jeu en me promettant de ne plus y retoucher. Plusieurs fois. C’est grâce à un mélange de chance et de persévérance que je peux en parler aujourd’hui après en avoir finalement vu la fin.

Car oui, Odin Sphere est un jeu difficile qui n’a aucune raison de pâlir face aux vieux beat’m all d’antan, desquels il hérite beaucoup plus que la plupart des autres représentants de la classe des action-RPG dans laquelle on le range. Le cœur du gameplay se base sur des arènes circulaires dans lesquelles vous allez devoir affronter de une à trois vagues d’ennemis avec pour mission de les exterminer jusqu’au dernier alors qu’un compteur défile dans un coin de l’écran. À la fin du combat, une note sanctionne la performance et récompense en fonction. Face à une telle adversité, vous n’aurez que deux issues, exploiter méthodiquement les mécaniques du jeu, ou simplement être doué. N’ayant pas la chance d’être touché par la grâce du gosu, j’ai rapidement foncé droit dans le mur à croire que je pourrais finir le jeu sans trop m’occuper de la bouffe et de l’alchimie.

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Lourde erreur de ma part, le jeu exigeant un respect scrupuleux de ses règles pour progresser sans s’arracher les cheveux. Se contenter de foncer ne suffit pas, car dans ce cas, seule votre arme gagnera en puissance, laissant une autre statistique de taille, les points de vie, trainer loin derrière avec le niveau du personnage lui-même, jusqu’au moment fatal où le déséquilibre viendra à bout de vos compétences. Un choix est en effet donné à la fin de chaque arène sur l’utilisation des phozons porteurs d’expérience, les absorber et améliorer votre psypher, ou les utiliser pour faire pousser des graines et améliorer votre personnage et son unique statistique, sa barre de vie. Ajoutez à cela la possibilité d’utiliser divers ingrédients glanés ici et là pour concocter par alchimie diverses potions de support particulièrement utiles.

Une fois qu’on apprend à tirer partie de toutes ces possibilités l’avancée est moins douloureuse, mais reste un peu trop inégale à mon goût. Certains personnages comme Cornelius et Mercedes sont très simples, d’autres comme Velvet m’ont laissé de bien mauvais souvenirs, en particulier de combats de boss tendus et interminables faute de taper suffisamment fort pour en finir rapidement.
Un réglage est censé sauver la mise aux handicapés de la manette, permettant de changer la difficulté à la volée n’importe quand dans le jeu, mais je n’ai honnêtement pas remarqué de différence entre facile et difficile. Très cosmétique.

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À côté de ça, le jeu souffre aussi d’une répétition presque affligeante. En tout et pour tout, il comprend huit niveaux. Sachant que chaque personnage a droit à sept chapitres, chacun des cinq va tous les visiter sauf un. Ce qui veut donc dire, autour de quatre passages pour chacun d’entre eux, avec les mêmes décors, les mêmes ennemis ajustés au niveau présumé du personnage, les mêmes demi-boss, la même carte. La seule variation viendra parfois du boss lui-même, qui dépendra lui du scénario en cours, mais même ces derniers reviennent souvent, se faisant pour la plupart passer dessus par la moitié du cast. L’impression est d’autant plus prononcée si par malheur vous vouliez tirer profit de la possibilité offerte de refaire les livres en mode replay pour préparer vos personnages à la dernière phase, durant laquelle vous allez revoir tout le jeu en accéléré.

Toujours dans les problèmes, la vis aurait-elle été serrée un peu trop fort vis-à-vis des capacités de la console ou s’agirait-il juste de soucis de programmation ? Les ralentissements sont en effet aussi nombreux qu’agaçants. Même dans les combats normaux, il suffit d’un peu trop d’ennemis ou d’effets à l’écran pour que les signes de faiblesse commencent à apparaitre. Mais c’est surtout face à certains boss qui invoquent beaucoup d’objets que le problème se fait sentir, rendant facilement le jeu à moitié injouable. Odette est particulièrement forte à ce petit jeu là, entre les divers ennemis supplémentaires, les porteurs de chandeliers et ses propres animations. Au point qu’on s’interroge sur comment le titre a bien pu passer la QA de Sony sans que rien n’ait été fait pour y remédier…

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Peut-être une autre conséquence de ce dernier point (trop de modèles 2D complexes en mémoire), le jeu souffre également de temps de chargements plus ou moins fastidieux. Tolérables la plupart du temps, il leur arrive par moment de devenir ridiculement longs. Je pense en particulier aux deux magasins Pooka qui prennent bien leur temps pour afficher un unique écran sans scroll…

Mais je me plains, je me plains, on finirait presque par croire qu’Odin Sphere m’a dégouté et que je l’ai fini uniquement pour la beauté du geste. Bien loin de là pourtant. Appelez-moi masochiste si vous voulez, mais j’ai beau ne plus compter ni le nombre de fois où j’ai dû me retenir pour ne pas envoyer ma manette et tout ce qui venait avec par la fenêtre, ni la quantité d’insanités, hurlements et autres râles en tout genre que j’ai pu proférer à l’écran, je ne regrette pas une seule seconde passée sur ce titre. Car envers et contre tout, au milieu de toute cette frustration, il n’aura jamais cessé d’exercer son charme et de me séduire encore et encore.

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Le point le plus visible devrait sauter aux yeux de n’importe qui prenant le temps d’observer les captures. La 2D est sublime, basée sur des peintures hautes en couleurs et extrêmement détaillées. En règle générale, qui dit sprites, dit aussi personnages de taille réduite, les efforts pour les animer étant proportionnels à la taille et la complexité des dessins. Mais bien loin de là, le jeu se permet un beau pied de nez aux règles de l’art en nous offrant, non seulement des boss qui iront jusqu’à dépasser de l’écran, mais également des animations d’une fluidité irréprochable prises individuellement. Ajouté à des décors tout aussi somptueux avec plusieurs niveaux de défilement en fonction de la profondeur de champs, on en arrive à un résultat simplement magnifique.

Non content de régaler les yeux, Odin Sphere ne s’arrête pas en si bon chemin et se paie aussi le luxe d’être tout aussi agréable à l’oreille. Dès l’ouverture, Basiscape nous enchante avec un thème chanté par Shanachie, par ailleurs en français avec des paroles assez jolies (et bien écrites, pas du franponais), attention qu’on appréciera même si l’accent japonais à couper au couteau rend le tout parfaitement incompréhensible. Mais c’est la mélodie qui compte après tout. Sur un plan plus global, la performance sur la bande son n’est pas en reste, offrant des thèmes enchanteurs qui collent parfaitement au titre. Certains ne manqueront pas critiquer une patte Sakimoto trop marquée rappelant entre autre un Final Fantasy XII encore frais dans les mémoires. Bien loin de moi de les contredire, mais je trouve son style très adapté au lyrisme ambiant. On notera toutefois qu’à l’instar du reste du jeu, certains thèmes peuvent lasser à force de les entendre. Peut-être une conséquence de ce dernier point, ceux qui resteront le plus dans ma mémoire seront associés à quelques boss uniques comme les combats de l’Armageddon, les scènes de transition ou plus simplement l’écran titre et la carte.

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Mais une belle plastique ne suffit pas pour vendre un jeu et l’intérêt ne se limite heureusement pas à ces deux points. Plus qu’un simple bonus, ils sont présents pour participer à une ambiance très particulière. Odin Sphere présente en effet une histoire épique dans le sens le plus littéral du terme. Point de scénario retord et subtile, ce qui se déroule ici est une épopée héroïque plus proche du conte, avec certes ces clichés, archétypes et sentiments exacerbés qui feront grincer les dents de certains, mais également beauté pure et simple, grandiose et émerveillement propre à ce type de littérature. La mise en scène plonge de fait tout de suite dans cette orientation, l’histoire étant à la base contée à travers les yeux de la jeune Alice découvrant les vieux livres de son grand-père. Cinq livres portant chacun leur thème en retraçant l’épopée d’un personnage contribuant aux annales d’un monde aux fortes inspirations nordiques, Elrion. Cinq destins qui vont se mêler, s’influencer dans un bal de tragédies, de luttes de pouvoir et de quêtes d’amour pour au final se rejoindre le temps d’une dernière croisée des destins pour un pénultième (si vous êtes sages) livre contant dans une apogée d’héroïsme la fin du monde.
Le concept de tableau propre à la 2D sert l’ambiance à merveille, reproduisant dans un certain sens le décor d’une scène d’opéra et renforçant par là même une certaine inspiration de L’Anneau du Nibelung de Richard Wagner. La narration s’en rapproche d’ailleurs tout autant avec une très nette séparation des interactions du joueur limitée aux actes impaires (toujours sur le schéma village - donjon - boss) de l’histoire proprement dite qui prend son aise dans les actes paires, déroulant une fable tragique sous les yeux d’un spectateur passif ne pouvant qu’assister à la dégradation du petit monde d’Elrion.

Il est rare que je sois élogieux avec un titre m’en ayant fait autant baver et Odin Sphere réussi à franchir cette limite en m’accrochant par ses thématiques touchantes, sa présentation renversante et une exécution maîtrisée. Un coup de cœur très personnel que je recommanderai avec prudence, mais qui me laissera quoi qu’on en dise une impression sans pareil. J’attends à présent son successeur spirituel, Muramasa: The Demon Blade, avec d’autant plus d’impatience.


Published

Oct 30, 2009

Last Updated

Oct 30, 2009

Category

Jeux vidéo

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